mercredi 31 mars 2010

Diane Arbus

Après avoir vu l'exposition de Lisette Model au jeu de paume, je me suis renseigné sur cette photographe. Au fil de mes recherches, j'ai appris qu'elle avait été la prof de Diane Arbus et qu'elle l'avait beaucoup influencé. J'ai donc décidé de vous présenter cette artiste.


Diane Arbus est une photographe américaine qui marqua le XXème siècle grâce à ses photographies engagées. Son sujet favori était les marginaux et elle y consacra toute sa vie. Dans un premier temps nous étudierons la vie de Diane Arbus puis son engagement et pour finir nous parlerons des sujets qu’elle photographiait.

Sa vie, son parcours

Elle est née le 14 mars 1923 de son vrai nom Diane Nemerov. Elle est issue d’une famille de la haute bourgeoisie. Elle a un frère, Howard, de trois ans son ainé et une sœur, Renée cinq ans et demi plus jeune qu’elle. Diane étudie dans deux écoles privées : Ethical Culture School et Fieldstom. Elle développera ses dons artistiques en 1938 à la Cunningham School of Art. En 1941, elle épouse son mari qu’elle a rencontré à l’âge de 14ans, Allan Arbus. Il est photographe de mode et elle tient le rôle de styliste. C’est avec lui qu’elle apprend la photographie. Il lui enseigne les bases et la technique. Elle aura deux enfants avec lui : Doon le 2 avril 1945 et Amy le 16 avril 1954. Peu à peu Diane s’éloigne de son mari et commence à photographier ses propres sujets. Ils divorcent en 1960.
Dépressive, elle se suicide le
26 juillet 1971 à Greenwich Village en avalant une quantité importante de barbituriques puis en s'ouvrant les veines.

C’est en étudiant à la New School à New York que Diane Arbus traite son sujet favori. Sa rencontre avec Lisette Model sera très importante. Elle influencera Diane sur le choix de ses sujets. « Diane Arbus concentre son activité à New York et ses alentours, photographiant des inconnus dans la rue. Fascinée par les personnages hors-normes, elle photographie également des travestis, des handicapés mentaux, des jumeaux, des personnes de petite taille, etc. En mélangeant le familier avec le bizarre, Diane Arbus dresse un portrait troublant de l'Amérique des années soixante.
En 1963, elle obtient une bourse de la
fondation Solomon R. Guggenheim qui lui permet de réaliser un travail remarquable intitulé « American Rites, Manners and Customs » (les rites de la société américaine), vaste galerie de portraits d'Américains, pour la plupart inconnus, qui met en exergue les rites sociaux de cette société. En 1967, elle participe à l'exposition « New Documents » qui se tient au Musée d'art moderne de New York avec des portraits qui côtoient les vues urbaines de Lee Friedlander et Garry Winogrand
. Là encore, son travail apparaît comme un événement qui contribue à imposer la photographie documentaire comme un genre artistique propre, se distinguant du reportage » comme nous le dit le site wikipedia.org
Depuis 1950, elle utilise une caméra 35mm. En 1962 elle opte pour un leica puis ensuite pour un Rolleiflex (format 6x6). En 1964 elle commence à utiliser le flash. Cela lui permet de compenser le manque de lumière et de découvrir des choses qu’on ne voit pas à l’œil nu. « C’était aussi une façon d’agresser le sujet sans possibilité de riposte et, par le relâchement des divers systèmes de défense, de l’amener durant une fraction de seconde à s’avouer tel qu’il est. »
[1] C’est comme ça qu’elle imposera son propre style.

[1] D’après Diane Arbus où le rêve du naufrage de Patrick Roegiers


Son engagement social


Lisette Model dit un jour à Diane qu’elle devait trouver ce qu’elle voulait photographier. Diane Arbus lui répondit qu’elle voulait photographier le diable. Plus tard sa fille, Doon, apportera une nuance à ce qu’avait dit sa mère. Elle dit que ce que sa mère voulait photographier c’était « ce qui est ignoré, ce qui est toujours trop risqué, trop terrifiant ou trop dur à regarder pour quiconque. »[1] C’est ce qu’elle fera tout au long de sa vie. Elle photographiera ce qu’elle appelle les phénomènes de foire c'est-à-dire les géants, les nains etc. en passant par les nudistes, les transsexuels, les jumeaux, les travestis, mais aussi des couples, des femmes seules … Ces personnes qui sont montré du doigt qu’on exhibe ou encore qui essaye de se fondre dans la masse. Ce qu’elle cherche à montrer c’est la souffrance et la solitude qui rythment leur quotidien.
Diane Arbus ne cherchait pas à dénoncer l’exclusion de ces personnes puisqu’elle les prenait la plupart du temps dans leur intimité. Elle voulait montrer l’autre face de l’Amérique c'est-à-dire le désespoir, l’échec qui s’opposent au rêve américain. Elle dresse comme le photographe Weegee « un portrait accusateur et sans appel de son pays. »
[2]
Les photos de Diane Arbus sont criantes de vérité et de réalisme et c’est aussi ce qu’elle voulait montrer. Elle avait le courage de voir les choses telles qu’elles étaient.

[1] D’après Diane Arbus où le rêve du naufrage de Patrick Roegiers
[2] D’après Diane Arbus où le rêve du naufrage de Patrick Roegiers



Ses sujets


Les phénomènes de foire

« La plupart des gens vivent dans la crainte d’être soumis à une expérience traumatisante. Les montres sont déjà nés avec leur propre traumatisme. Ils ont déjà passé leur épreuve pour la vie. Ce sont des aristocrates. »[1] C’est ce que disait Diane Arbus à propos des phénomènes de foire (ou monstres). Diane Arbus ne cherchait pas à traiter des sujets insolites, elle cherchait plus à attirer l’attention sur les conditions de ces personnes. Elle avait la capacité de ramener le temps d’une photo à la « normalité » ces personnes hors-normes. C’est en les photographiant dans leur environnement qu’elle arrive à transformer ces individus extraordinaires en personnes banales. Ainsi elle arrive à attirer notre attention sur les conditions de vie difficile de ces gens là.


[1] D’après Monographie d’aperture de Diane Arbus



A Jewish giant at home with his parents in the Bronx, N.Y. 1970


Sur cette photo on peut voir le géant Eddie Carmel et sa famille : son père et sa mère. En le représentant dans son salon entouré de sa famille, Diane Arbus nous montre le quotidien difficile de ce géant. En effet il est obligé de se courber pour ne pas toucher le plafond ou encore pour parler à sa mère. La maison n’est pas adapter à sa taille. Le plafond est trop bas, les fauteuils ne sont pas adaptés à sa taille...Mais Diane Arbus par la simplicité de sa photo à peut être voulu nous montrer une simple photo de famille.
C’est également pour les mêmes raisons qu’elle photographia les nains ou les lilliputiens.

Mexican Dwarf in his Hotel Room in New York City, N.Y.C. 1970




La famille


A travers ses photos de couple, Arbus ne semble pas vouloir montrer l’amour ou la réussite mais plutôt l’échec et l’incompatibilité des deux amants représentés.

Teenage couple on Hudson Street, N.Y.C. 1963


Ce jeune couple a l’air par avance voué à l’échec. Sur cette photo les deux jeunes gens ont une allure de petits vieux. Ils sont l’image de ce qu’ils seront dans quelques années c'est-à-dire un couple qui ne s’aiment pas spécialement mais qui restent ensemble parce que c’est plus simple.

L’enfant chez Diane Arbus est la plupart du temps photographié en train de pleurer, ou s’apprêtant à la faire, ou encore faisant une grimace. Il est généralement pris en gros plan comme pour accentuer l’expression du visage de l’enfant. Il apparaît comme le reflet de l’échec du couple.

Looser at a diaper derby, N.J. 1967


Arbus dresse un portrait relativement négatif de la famille. Les jumeaux semblent pourtant faire exception. En effet ils apparaissent comme le couple idéal, parfait.


Identical twins, Roselle, N.J. 1967

Les nudistes

Comme pour les phénomènes de foire, Diane Arbus se contente de montrer le réel, la vraie vie. Et à travers les nudistes elle représente le corps tel qu’il est c'est-à-dire un corps pas forcement jeune, ni beaux, ni bien fait mais au contraire un corps vieux, pas très bien formés.


A family one evening in a nudist camp, P.A. 1965

Les handicapés mentaux


Un livre entier a été consacré aux photos sur les handicapés mentaux. Les photos ont été prises entre 1969 et 1971 dans des centres spécialisés. La quasi-totalité des photographies n’ont jamais été montré. Comme elle l’a fait avec les géants ou encore les nains, Arbus à travers les photos rend ces personnes « normales » chose qu’ils ne sont pas dans la vraie vie. Elle attire notre attention sur des personnes auquel on ne prêterait pas attention dans la vie quotidienne.

Untitled, 1970-71

Diane Arbus donne une image positive de ce qui peut paraître négatif dans la société et inversement. Elle met en avant les personnes exclues telle que les monstres, les handicapés… et dévalorise par contre l’homme, la femme, le couple ou encore l’enfant alors que c’est ce qui est censé participer au bonheur d’un individu.


Sans prétention Diane Arbus pensait que si elle n’avait pas fait ses photos beaucoup de personnes n’aurait jamais vu les sujets qu’elle photographiait. Tout au long de sa vie elle sait impliquer dans son œuvre, en côtoyant et en vivant de la même manière que ses sujets. (Ex : camp de nudiste ou elle s’est retrouvée elle-même nudiste) Ainsi elle a pu nous livrer un portrait de l’Amérique des années soixante très réaliste et très simple que peu de personne connaissait.

Marine Commont

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