samedi 20 mars 2010

Maurizio Cattelan, ou la douce folie d'un gamin des rues devenu bouffon des arts!

Lorsque Erasme fait parler la Folie, il use du masque comme moyen pour éviter la censure, tout comme le fou du roi feint l’idiotie pour mieux faire passer la critique ou le conseil. Maurizio Cattelan participe de cette connivence d’esprit, retors aux normes, et demeure le garnement pour qui l’école était supplice, le jeune adulte pour qui le “ travail est un dur métier ”. Être stupide ou prétendre l’être, permet de dire ce que l’on pense, tout au moins de l’insinuer. C’est une façon détournée de dire la vérité, tout en évitant le châtiment des révélations. Et lorsque l’on convoque Hollywood, le cynisme qui caractérise l’entreprise ne peut être le fruit d’une stupidité avérée.

Maurizio Cattelan met l’accent sur des réalités cachées et crée des situations subvertissant les interprétations, les stratégies et les règles. Confrontant les malaises et les fractures de la société aux mécanismes de l’humour noir et de la pure fiction, l'œuvre de Cattelan trace de nouveaux territoires de liberté.

Souvent l'artiste utilise l'ironie et la satire voire même le cynisme dans ses réalisations. Il tourne enrision la condition humaine en caricaturant des grands noms de l'histoire (de l'humanité ou juste de l'art; ndlr Adolphe Hitler et Pablo Picasso) ou des lieux mythiques (le panneau « Hollywood » surplombant une décharge en Sicile). Pour lui rien n'est impossible, il peut tout se permettre, il est même allé jusqu'à déguiser son galeriste parisien -Emmanuel Perrotin- en un espèce de lapin phallique qui fut appelé « Errotin Le Vrai Lapin ». Maurizion Cattelan est un artiste sans complexes ni tabous, rien ne l'effraye; pas même la fureur du Führer! Cattelan pratique une variété vitale des genres et des supports, refuse de s'enfermer dans un style. Le jeu n'est donc pas chez lui une simple arme de dénonciation ou une façon de retourner la société contre elle-même : c'est avant tout une philosophie pratique, un principe de vie.

De plus au regard de l’actualité, les œuvres de Maurizio Cattelan ne sont pas si provocatrices. La vie de tous les jours éructe son lot de misères, d’abrutissements en tous genres et anesthésie petit à petit les relents de sensibilité humaine. Mais la provocation en art est si bourgeoise et tellement décadente. Aussi, l’acuité dont témoigne l’attitude de Maurizio Cattelan dénote une parfaite compréhension du monde de l’art, de ses rouages, de ses stratégies, de sa paranoïa. Dans leur enjeu commun d’appropriation, la copie, le vol, la falsification et le mensonge permettent de multiplier les perspectives de l’œuvre et de son contexte. Le profil de l’œuvre semble assez bien s’articuler avec les différentes stratégies qui les composent tels que l’opportunisme, le cynisme, l’hybridation et la morbidité.

Informations à propos de Maurizio Cattelan:

Maurizio Cattelan est un artiste italien né à Padoue en 1960, issu d'un milieu populaire, il débute par toutes sortes de petits boulots, mais sans succès et vit licenciement sur licenciement. Il travaille même à la morgue ce qui va le marquer et peut-être être à l'origine de son goût particulier pour le macabre.Puis il décide de trouver sa place et de faire parler de lui par la provocation et les détournements, par la surprise : il plante des oliviers dans la cour d'institutions, présente une autruche empaillée avec la tête enterrée dans le sol, il accroche sur un mur son galeriste milanais avec un ruban adhésif et il crée la Fondation Oblomov (soit une université de l'échec, car les artistes faisant partie de cette « université » s'engagent à ne pas exposer pendant un an!).

Sa dernière exposition en France date de 2004, il fut exposé en solo au Musée du Louvre.


Index des images:
1) Maurizio Cattelan dans son atelier.
2)« Him » 2001, statue de cire
3)« Errotin le vrai lapin » 1995, déguisement

[CLR]

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