vendredi 15 janvier 2010

Nazanin Pouyadeh

Le chant des soldats



Pour mon deuxième compte rendu je reste dans le domaine de la peinture à travers le travail de Nazanin Pouyadeh. Mais ici contrairement à Stefan Sehler aucune ambigüité ne subsiste, on est dans une peinture aussi figurative que possible.

Nazanin Pouyandeh est une jeune peintre originaire de Téhéran qui vit et travaille en France.

Ses œuvres sont visibles à la galerie Eric Mircher.

Au premier coup d’œil on ne relève rien de transcendant dans les compositions de l’artiste : de la peinture figurative qui s’essaye, dans une certaine mesure, à la mimésis et qui a pour obsession l’omniprésence de la figure humaine = de la bonne peinture comme on aime.

Mais l’intérêt de sa peinture ne réside pas dans son aspect formel mais dans l’ambigüité des sujets développés, la jeune artiste nous donne à voir un univers surréaliste presque incongru, qui se révèle difficile à appréhender.

Dans son œuvre, une multitude de thèmes, de cultures, d’images se mêlent et s’unifient dans cette peinture résolument moderne.


Agate


Des peintures comme « Agate » ou « Farhad et Kamyar » illustrent bien le propos de l’artiste. La première est surement à prendre au second degré et s’amuse à inverser le mythe de Remus et Romulus, ici c’est une femme qui à quatre à patte et se met à niveau de la nature, et alimente ses progénitures en forme de louveteaux.

Représentée de son plus simple habit, la jeune femme ne semble pas à son aise dans cet environnement qui lui est proposé: pur construction mentale entre le western spaghetti et l’univers préhistorique, ce paysage intemporel revient avec récurrence dans ses compositions. « Dans l’oubli, l’angoisse et l’attente, c’est ainsi que vivent mes personnages, égarés dans des lieux oniriques et illusoires. »

Si la composition qui caractérise « Agate » arrive à faire place à une réserve, à nous laisser respirer par son arrière plan très marqué en forme d’horizon blanchâtre et impalpable, la plupart des œuvres de Pouyadeh sont fortement chargés et souvent très riche en couleur, nourries par toutes sortes d’images et de signes qui arrivent, non sans saturation, à constituer une mythologie personnelle.

Dans son éclectisme la jeune femme intègre souvent une iconographie orientale quelque peu « archaïque », comme cette espèce de fresque au premier plan du « chant des soldats », une imagerie qui marque sa différence par rapport à la facture générale de l’œuvre, qui n’est pas du tout léché et parait quelque peu naïf.


Farhad et Kamyar


Le clivage est telle dans certaines composition qu’on pourrait presque parler de collage surréaliste, on lit sur le web que cet improbable mélange qu’opère l’artiste serait le fruit de son exil en France…pourquoi pas.

En tout cas ce qui est sur c’est que l’artiste n’a pas peur des mélanges hétérogènes et essaie de façon très personnel de créer une mythologie dont la mis en image rappelle parfois cette « rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ».


Mutt.

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