jeudi 21 janvier 2010

Christophe Avella-Bagur



Puisque j’ai commencé dans la peinture autant continuer dans la même voie avec cette fois le travail de Christophe Avella-Bagur. Les travaux de cet artiste français sont actuellement exposés à la galerie richard.

Christophe Avella-Bagur s’attache à la représentation de la figure humaine dans un aspect qui se veut contemporain. Toutes ses œuvres présentent une espèce de prototype humain, un homme « type » sans véritable caractère. Sans chair, sans réalité organique, il est une sorte de mis en forme du concept « homme » numérisé en une simple silhouette, qui hante par sa seule présence les toiles de l’artiste. Cette figure est déployée et livrée à elle même dans des espaces excessivement vides, prisonnier d’un blanc immaculé, elle n’a aucun refuge et aucun élément narratif n’est présent pour la « contextualisé », une situation d’isolement qui permet de prétendre à l’universalité de cette même figure.

L’artiste ne se contente pas de peindre des avatars virtuels -de représenter une image idéalisée de l’homme- lisser à l’extrême ses « mannequins » sont proposés dans une facture qui anéantit toute intervention ou touche personnelle, on se retrouve face à un produit qui se veut moderne et se rapproche au maximum de la standardisation.


Il est d’ailleurs question de série dans cette perpétuelle récupération de ce même humanoïde au caractère profondément synthétique. Habillé de son enveloppe lisse et grisâtre ce « mannequin » perd toute individualité dans sa multiplication et gagne un statut proche du clone.

Ces objets de fantasmes sans réel humanité se trouvent être de parfait support de la condition humaine, sans caractère fondamental, l’artiste leur propose une nouvelle identité par l’apport d’un portrait juxtaposé. Cette nouvelle identité, ce nouveau visage qui leur est confié contraste violement avec leur aspect général, excessivement coloré le portrait n’est que chair torturé par l’environnement qui lui est imposé. Projeté sur le relief du mannequin il ne peut s’y associer et reste prisonnier de sa surface, il n’arrive pas a habiter cette structure et fort de son caractère unique ne peut exister que sous forme de reflet.

S’opère alors un processus plus proche de la confrontation que de l’hybridation entre les deux entités. Ce deuxième visage cherche à trouver sa propre existence et s’illustre dans certains cas dans un excès de violence pictural (Face FS63 Peeing Colors) qui aliène son reflet et le transforme en véritable masque « clownesque ».

Cette nouvelle identité de l’être humain que proposent les travaux de Avella-Bagur se détache des canons profondément liés au medium pictural, l’artiste s’en éloigne au maximum et essaie de produire une vision contemporaine de l’homme en étroite relation avec le virtuel et le problème identitaire qu’il induit.

Pour finir en beauté et pour véritablement comprendre le travail de cet artiste le mieux est surement (ou pas) d’écouter ce qu’ en dit son galeriste :« Les tableaux de Christophe Avella-Bagur sont un constat de la fragilité de l’être humain au XXIe siècle, des grands questionnements et des grands défis qu’il doit relever. Elle n’est ni anecdotique, ni caricaturale, ni explicite, parce qu’elle n’est pas une pensée réduite, mutilée, par les impératifs de la communication publicitaire. Elle est la forme aboutie du langage d’un peintre. »


Mutt.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire