vendredi 28 mai 2010

Yoko Fukushima, une réaction à froid !

Je désirais intervenir à propos de la venue de cette artiste japonaise lors d'un cours en mars. Cet article sera bref, il me parlera pas vraiment du travail de l'artiste, mais bien du petit débat naissant autour de sa pratique et de ses intentions réelles ou non.

Etant moi-même une femme qui ne se veut ni politisée, ni féministe, ni même foncièrement féminine ou féminisée j'ai rapidement adopté un point de vue qui me semble divergeant des autres étudiant(e)s ayant au moins réagit lors de sa venue, puis la semaine suivante.

Je n'ai pas noté de féminisme volontaire ou involontaire dans le travail de Yoko. La seule impression qu'elle a réussi à me communiquer est son entière honnêteté et simplicité, chose qui me semble plutôt rare dans le monde de l'art et des artistes. Le fait qu'elle utilise des matériaux ou des procédés typiquement féminins (mais ne sont féminins que parce qu'ils sont automatiquement associés à des travaux de ménagère) semble surtout concerner sa sensibilité de plasticienne et son expérience. Je parle de son expérience car j'estime qu'il faut remettre tout ça dans son contexte.
Certes, Yoko vit en France depuis plusieurs années, mais ça n'est pas un prétexte (ni même une possibilité) pour avoir oublié son éducation : l'éducation des fillettes et des jeunes filles au japon est stricte et l'égalité des sexes n'est pas la même qu'en France (si toute fois on peut parler ici d'égalité).
J'ai consulté un site retraçant l'éducation des filles au japon dans l'histoire du pays :

http://www.penelopes.org/archives/pages/beijing/textes/japon8.htm

En voici une extraction listée par mes soins :

- (Les) fillettes japonaises en uniforme et aux accessoires de couleurs « féminines » obligatoires[...]

- l’inégalité s’impose aux filles sous la forme des traditionnels registres d’appel : le leur est séparé de celui des garçons et toujours appelé en dernier, ordre respecté pour les résultats d’examens et remises de diplômes

- Les conseils d’élèves sont invariablement présidés par des garçons, et les filles qui voudraient prétendre à de tels postes sont découragées ou traitées de « masculines ».

- Dans les tournois les plus importants, la présence des filles sur la pelouse – tout comme sur le ring des sumo – est strictement interdite, car un pied féminin sur le terrain pourrait porter malheur.

- Beaucoup de familles discriminent leurs propres filles en leur offrant moins de soutien émotionnel et financier qu’aux garçons.

Bref, autant de citations qui ne font que renforcer mon jugement sur le vécu d'une japonaise lambda. Internet ne m'est pas la seule aide pour comprendre la place de la fille et donc de la femme au Japon : j'ai eu au moins un témoignage concordant provenant de jeunes femmes occidentales parties en long voyage dans ce pays.

Bref, j'en reviens donc au travail de Yoko qui donc, dans la technique pure, semble se servir de ses acquis dans son pays natal (l'article ne le dit pas mais à l'école, les jeunes filles japonaises apprennent également les travaux ménagers). Cependant, je n'y ai pas ressenti "d'accusation" sociale ou politique vis à vis de l'éducation japonaise. Yoko est une femme c'est en soi normal que son travail tourne autour du corps [féminin] (même si pas automatique de manière générale chez les artistes femmes). Je pense que son travail est avant tout le travail d'une femme qui se sent femme, avec ses tracas de femme et non pas le travail d'une japonaise avec ses tracas de femme japonaise.

Je ne saurais pas trop comment qualifier l'étrange impression que j'ai quand des observateurs essayent de communiquer des impressions purement subjectives à travers le travail ou les actions d'autrui. Je dirais que c'est à mi-chemin entre ce qu'on appelle "l'animisme" et "l'humanisme", en faire un mot valise serait une solution, dans un sens péjoratif bien entendu. Je suis d'avis que le travail d'un chercheur (même apprenti comme l'est un étudiant en licence) se doit de penser aux choses en toute objectivité et sans à prioris.


Yondas 228455

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire