jeudi 20 mai 2010


L'illustration est par définition la représentation imagée de quelque chose (texte, musique, idée … ). comme le montre sa racine latine, « illustrare » , cette représentation a pour but premier « d'éclairer » , de clarifier un point. En approfondissant la notion, on s'aperçoit qu'il est simple de l'élargir à une grande partie de l'art visuel (dessin, peinture, photographie … ) puisqu'il montre une des nombreuses visions d'un sujet.

On peut assimiler l'illustration à la représentation graphique d'un texte (au sens large du terme), d'un message à faire passer. Ainsi on peut faire remonter l'illustration très loin dans le temps, voir même au début de la civilisation. L'illustration a donc subi une évolution autant dans ses techniques, que dans son but ou son mode de diffusion.

Ces différentes évolutions et son attachement à un « texte » lui ont valu une dépréciation de la critique, ainsi qu'un statut de « non art ». Malgré ce statut, l'illustration ne peut-elle pas être considérée comme un art à part entière?

D'après la définition de l'illustration , au sens large du terme, comme étant « la représentation de quelque chose », l'illustration ne serait rien de plus qu'une image décrivant soit une scène de la vie courante, une idée, un mode de pensée … De ce point de vue, on peut augurer que l'illustration commence à la Préhistoire. En effet, les peintures rupestres (sur des rochers) et les peinture pariétales (sur les parois de grottes) de l'Homme de Cro-Magnon, dont les plus anciennes peuvent avoir plus de 40 000 ans, représentent le vie de nos ancêtres (chasse, cueillette …). le langage n'ayant pas encore été élaboré (du moins pas un langage évolué) ces dessins représentent le moyen de communication de ces Hommes. Leur moyen de laisser une trace de leur passage sur cette Terre. Le dessin ici ne s'appuie pas sur un texte, mais sur ce qui précède le texte et le discours : la pensée.

De ce même point de vue, on peut inclure dans l'illustration tout ce qui est icône religieuse, représentant un Saint, un Dieu … ces icônes ont pour rôle de faire comprendre à tous, à une époque où le taux d'alphabétisation était très faible, l'histoire de la religion. Elles ont donc un rôle narratif, puisque cette dernière est le reflet imagé d'un « texte ». Par la suite du dossier, je considérerai donc que l'illustration commence avec l'art rupestre et pariétal.

La deuxième définition, plus restreinte et plus populaire de nos jours, et que l'on retrouve dans la plupart des dictionnaires : l'illustration est « l'ornement imagé d'un texte ». Ce texte peut être écrit (roman … ), ou oral (discours, chanson … ). Selon cette définition, on retrouve dans l'illustration, l'ornementation d'un texte par excellence qu'est l'enluminure. L'enluminure est rendue populaire au Moyen Age, mais a commencé dès l'époque Grecque et l'époque Romaine. Ce type d'illustration est la décoration d'un page de manuscrit, d'un livre, d'un texte. Le terme « illuminare » du latin a comme traduction « éclairer », la même que « illustrare », ce qui permet d'affirmer que l'enluminure remplit les mêmes fonctions que l'illustration et en est une des formes premières.

Avec le temps, le texte en vient à être secondaire par rapport au dessin. C'est le cas de la Bande Dessinée ou de certains livres dits « d'illustration » (comme Favole, Victoria Frances). Dans ces livres, le dessin prime sur le texte, c'est lui qui fait l'histoire. A tel point que Tan Shaun écrit une BD sans texte, là où vont nos pères, où seule les images parlent, pas un seul mot n'apparait. Dans les BD plus traditionnelles, le texte ne sert qu'à guider et aider à la compréhension.

Un autre exemple où l'on peut voir que le texte a une importance moindre par rapport au dessin : la caricature. On découvre ce type de dessin dans l'antiquité gréco-romaine où elle joue un rôle d'antithèse par rapport aux critères de beauté de l'époque. On retrouve donc l'idée de caricature chez le Grec Pauson et sur certains graffiti faits sur les murs de Pompéi. Dans la caricature, l'illustrateur dévoile son opinion, sa pensée du moment … sur une personne ou un événement. Il « illustre » sa pensée.

Aujourd'hui l'illustration a plusieurs utilisations diverses et variées. En effet, en plus des fonctions qu'elle remplissait auparavant, d'autres se sont ajoutées au fil des ans.

On la retrouve dans l'imagerie pour enfants – les illustrations des fables de La Fontaine – et dans les méthodes modernes de la pédagogie, notamment en école primaire – maternelle et élémentaire. À cet âge, les jeunes enfants ne connaissent pas correctement le langage écrit et parlé. Ils se réfèrent donc à des images d'objets qu'ils ont déjà vus. Ainsi l'instituteur leur fait mettre un nom et une orthographe sur une image, ou encore leur apprend à compter avec des images d'animaux ou d'objets. C'est pour cette même raison que les livres pour enfants sont souvent illustrés, pour servir d'objet pédagogique tout en écoutant une histoire. De même l'illustration sert à catalyser l'imaginaire des enfants, à partir d'une image, ils cherchent souvent à inventer d'eux même la suite de l'histoire. La littérature étant le support de base de l'illustration, celle-ci y est encore très présente, notamment pour la couverture ou par petits dessins entre deux paragraphes.

L'illustration se retrouve aussi à arpenter le domaine publicitaire. Si il y a une chose que tout le monde peut comprendre, quelque soit le niveau d'étude ou la langue : c'est l'image. Pour cette raison elle devient l'un des support de base de la publicité. L'image étant plus attractive et plus facilement abordable qu'un texte, l'affiche va chercher à mettre le plus d'informations en utilisant le moins de phrases possible. C'est l'image qui attire l'œil et le texte qui renseigne par la suite. Pour cette raison, toute l'imagerie va être étudiée, ainsi que les couleurs. Cette démarche a pour but d'attirer le consommateur plus vers un produit que vers un autre. Ce procédé se retrouve sur les affiches mais également sur des produits tels que les livres ou CD, où le consommateur ne peut se référer qu'au visuel avant d'acheter ( sans prendre en compte les appareils en magasin qui permettent d'écouter avant l'achat).

De nos jours l'illustration gagne en liberté et en autonomie. Elle prend son essor notamment grâce au « livre d'illustration », aux « fan art » et aux « artbook ». Pour le livre d'illustration l'image deviens plus importante que le texte. Un grand nombre d'artiste, tel que Victoria Frances ou Luis Royo se sont lancés dans cette voie, prenant le principe de la BD sans mettre pour autant de cases, oubliant les bulles et mettant un texte juste pour justifier leur assemblage d'illustrations. Tan Shaun va même plus loin encore, il écrit une BD sans texte, là où vont nos pères, où seule les images parlent, pas un seul mot n'apparait.

Le fan art et l'artbook sont quant à eux, soit des préparations ou des hommages dessiner. L'artbook est une sorte de « coup de pub » pour vendre le produit fini (jeux vidéo, film de science fiction …). Il rassemble les différentes illustrations manuelles qui ont servi de bases de réflexion aux développeurs et qui n'en reste pas moins abouti.

Au final, comme tout art aujourd'hui, l'illustration acquiers un rôle commercial. La seule différence étant que ce n'est pas elle qu'elle vend, mais un produit. Certains chercheurs montrent même que l'illustration serais un carrefour entre les différents médiums artistiques. Partageant des similarité avec chacun des arts tel que le cinéma (mise en scène), la peinture (représentation), décoration ou le stylisme (couleurs et matière) … si chacun de ces médiums sont considérés comme des arts, l'illustration qui rassemble un grand nombre de leurs caractéristiques respective peut elle aussi être considérée comme tel.


William SMETS

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