samedi 1 mai 2010

Mona Hatoum

Mona Hatoum
13 mars-24 avril 2010
Paris 3e. Galerie Chantal Crousel

Mona Hatoum
Impenetrable2009
Acier vernis noir, fils barbelésBlack
finished steel, fishing wire
300 x 300 x 300 cm
La semain dernière, j'ai visité un xposition d'artiste libanaise Mona Hatoum (née à Beyrouth en 1952) qui expose quelques-uns de ses derniers travaux à la galerie Chantal Crousel à Paris, soit six œuvres/installations.
Mona Hatoum nous convie, à la galerie Chantal Crousel, dans un univers intime cousu de violence et de fragilité. Ses œuvres racontent avec poésie une guerre effrayante. En détournant les objets du quotidien de leurs fonctionnalités, elle nous amène vers d'inhabituelles associations et nous met face à l'étrangeté du familier.
Les œuvres de Mona Hatoum ont le goût d'un poème amer qui nous entraîne sur les chemins de sa mémoire. Artiste libano-palestinienne, elle puise son inspiration dans les résidus d'une guerre indélébile et dans le souvenir d'un bonheur perdu dans l'exil. Que reste-t-il de Beyrouth après les bombardements, quelle image émerge après tout ce temps? Witness, une statue de porcelaine amputée et criblée de balles, martyrisée à son tour. Réplique de celle trônant place des Martyrs à Beyrouth, le temps a effacé son rôle original de commémoration des morts de 1916, elle est devenue aujourd'hui un témoin de la guerre civile.
Dans cette cartographie impossible de la souffrance et du souvenir 3D Cities se compose des cartes de trois villes meurtries: Beyrouth, Bagdad et Kaboul. Le papier entaillé en cratères et éruptions incarne ces villes bombardées puis reconstruites. Il témoigne en trois dimensions de la complexité de la vie qui continue de fourmiller dans les décombres.

Mona Hatoum
3-D Cities (detail)2008
Cartes imprimés, boisPrinted maps, wood
78 x 362 x 180 cm

Le travail de Mona Hatoum nous place dans une tension continuelle: entre la destruction et la construction, la vie et la mort, l'enfermement et la protection. Ces contradictions s'affrontent en puissance dans la pièce centrale de l'exposition: Impénétrable. Un cube aérien, éthéré et léger de 3 mètres de côté flotte comme un fantôme massif. Il semble d'abord si fragile qu'un coup de vent le détruirait. Mais sa délicate apparence se révèle être un paysage de tiges rigides de barbelés. Il nous renvoie au symbole terrifiant de la guerre: est-ce une arme ou un bouclier? Va-t-il blesser ou protéger? L'émerveillement et le pouvoir magique de cette œuvre neutralisent un instant la peur qu'incarne cette forme.
Cette exposition est un oxymore où le familier et l'étranger s'enchevêtrent, la peur cohabite avec le merveilleux, le danger avec la fragilité. Comme chaque naissance qui se passe dans la douleur, le travail de Mona Hatoum laisse germer l'espoir de la renaissance après la destruction.




LEE Danbee (248264)

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