vendredi 30 avril 2010

Yoko Fukushima




Vendredi 26 mars 2010, heure 15h00 , nous recevons enfin une artiste femme dans notre cours -encore si ce détail a une importance, nous verrons cela plus tard-.

Yoko Fukushima est une artiste japonaise d'une trentaine d'année. Son travail très pertinent, est intéressant pour plusieurs raisons : outre la qualité plastique de ses oeuvres , la richesse, la diversité des médiums employés (coutures,broderie,

dessins,installations,vidéo) il suscite des questionnement de différents ordres , parfois au delà de l'oeuvre elle même.


La plus part des oeuvres de Yoko Fukushima ont comme support d'expression le corps et cultivent l'ambiguïté. Des poissons morts brodés de petites perles délicates(qui n'est pas sans rappeler "les pensionnaires " de Annette Messager ).Une culotte en dentelle tâchée de perles rouges de sang.Des forme sobre,organique,une fragilité apparente qui dissimule une violence contenue. On peut mettre cela en relation la pratique du bondage (photographies d'Araki) ou de façon plus générale la mentalité de la culture japonaise ..


Avec cette tâche de sang "cristallisée", l'artiste semble magnifier un tabou du corps féminin(les menstruations). Elle le dédramatise , rend séduisant ce qui suscite habituellement le dégoût , ouvre une dimension poétique. Au de la de la simple provocation, l'artiste nous raconte la peur de la perte de ses petits bouts de corps (sang, cheveu, ongles, peau...) , petits bouts de soi qu'elle s'entête à conserver méticuleusement dans des bocaux comme des petits fétiches ,que ce soit ses larmes ou ses ongles, à moins qu'elle ne fige la chute de ses cheveux en les brodant sur sa chemise ou ne les range dans une valisette. Une façon comme une autre d'interférer le processus du cycle de la vie. Peut on voire cela comme une forme d'auto-portrait ,un auto-portrait pas d'une personne mais d'une femme?Est ce de l'art "féminin" ?Tout artiste identifiée comme une femme fait elle de l'art "féminin"? Ce terme a t' il une réel légitimité?C'est cette même problématique que suscitait l'exposition semi-permanente "elle@centre Pompidou" à Beaubourg. Le sujet du corps dans son intimité est il l'apanache des femmes?Il y a t-il des artistes hommes qui parlent de leurs propres corps?Si il existe bon nombre d'artiste homme utilisant le corps comme sujet ou support ,(modifications corporels ,questions identitaires ...) ces oeuvres ont des valeurs universelles puisquelles traitent de l'identité del'"humanité" et pas de l'identité masculine...Il y a bien une exposition que j'ai perçu comme de l'art "masculin" même si elle n'était pas présentée comme telle , celle de Philippe Perrin à la Maison de la photographie.L'artiste s'y invente une légende "noire et dorée " ,se mettant tour à tour comme un célèbre gangster. comme pour tourner en dérision les attributs du stéréotype du "mâle" occidentale" : flingue énorme , couteaux géant ,sculpture de bagouse à échelle 3000 , balles alignées comme des phallus (analogie plus qu'évidente) , accessoire d'une pseudo puissance virile. Mais tout à coup "art masculin" sonne très décridibilisant . De plus dire qu'il y ait un art "féminin " sous entant l'existence d'une communauté de femme qui travaillerait "à part" ,sans homme ce qui est quand même loin de la réalité . Vaste question à poursuivre..


Partie du japon il y a 13 ans par manque de libertés créatrices liés aux nombreux tabous du corps ,Yoko Fukushima y a suivit une formation de designer textile dont elle tient son savoir faire technique avant de vivre en France ,le pays des surréalistes, pour étudier aux Beaux arts de Versailles. A ce jours l'artiste a participé à de nombreuse expositions collectives mais n'en n'est qu'a sa première exposition individuelle. Elle ne vit pas de sa production artistique mais de "petits boulots" (j'ai cru comprendre qu'elle travaillait comme brodeuse dans un atelier...sympa le "petit boulot") mais dit ne pas tenir à en faire une source de revenue.


Même si j'ai du être très attentive pour cerner tout ce qu'elle disait , c'était assez plaisant de ne constater qu'un artiste peut réussir à exposer (ce qui entraîne toutes les démarches à faire pour y parvenir ) même s'il n'a pas le talent d'un oracle (ou d'un très bon vendeur de chaussette) Son comportement était en adéquation avec son oeuvre, une Jean François Boclé femelle n'aurait certainement pas fonctionner.



Rosane 249901

(licence 3)

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